jeudi 27 août 2009

Les duchesses

Vienne, 2006.

L'Hôtel Imperial était pratiquement désert. C'était un lundi. Après avoir donné mon numéro de confirmation, hypnotisé par l'immense oeuvre du XIXe siècle accrochée sur le mur, un garçon s'empara de mes valises et on m'invita à prendre un cocktail en me nommant gentleman, ce que j'acceptai volontiers. Je commandai un martini, en admirant l'opulante décoration, et évoquant dans ma tête le contraste flagrant avec les cabanes à sucre du Québec. Je le terminai en explorant l'hôtel, un établissement superbe, classé cinq étoiles, au coeur de Vienne, où on ne vous accomodait pas pour moins de cinq cent dollars américains la nuit. L'endroit avait été bâtie en 1863 selon les plans de l'architecte Arnold Zenetti, et devait servir de demeure au Duc Philippe de Württemberg, mais comme celui-ci ne l'appréciait pas suffisamment, lui et la Duchesse vendirent moins de cinq ans après leur emménagement. L'Empereur Franz Joseph inaugura l'hôtel en 1873. Hitler y avait travaillé dans sa jeunesse, et, aussi, Mussolini y avait logé, pendant la Deuxième Guerre. Des gens gentils avaient dû dormir ici, également.

Mon employeur tenait à ce que je spécifie aux investisseurs potentiels où la compagnie logeait ses chers employés: cela donnait à la compagnie une aura de confiance en ses moyens, et surtout, en son avenir. Le lendemain, je devais convaincre des monsieurs d'investir plusieurs millions d'euros dans l'entreprise, décision que je motiverais en brandissant la gamme de produits "rajeunissants" qui étaient en développement depuis des mois.

J'appris qu'un mariage avait lieu dans la Marmorsaal (Hall de marbre). Je demandai des directions et on m'y amena. Les mariages ont coutûme d'être remplis de beautés imbibées d'alcool, fêtardes et jalouses de la nuit qu'allait passer la mariée. Je me glissai en douce dans le hall de marbre, où une centaine d'invités festoyaient l'union de deux parfaits inconnus et où on s'exprimait en allemand.

Comme de fait, je fis la rencontre de Aiina et Saabree, une cousine du marié et la fille d'un proche ami du père de la mariée. Elles s'étaient rencontrées le soir même. Les deux portaient des robes de goût, la première en rose, la tête décorée de fleurs, et l'autre en blanc, avec un joli ruban bleu qui faisait le tour de sa taille. Saabree était plus jolie qu'Aiina, mais celle-ci s'exprimait avec un meilleur anglais. Elles m'indiquèrent leur âge avec leurs doigts, vingt-et-un ans pour Saabree et Aiina, vingt-six ans. Je leur avouai d'emblée que je ne connaissais pas les mariés, que je m'étais infiltré par pure envie de rencontrer des gens et de festoyer. Elles n'en firent pas grand cas, m'avouèrent qu'elles ne connaissaient qu'à peine le couple, mais que leur présence était obligatoire. Nous riâmes et buvâmes comme des adolescents et quand les invités commencèrent à déserter, je leur proposai de poursuivre la fête ailleurs, dans un bar, s'il y en avait un à distance de marche. Elles se regardèrent, se consultèrent, ricanèrent, et m'annoncèrent qu'elles adoreraient, mais que leur accoutrement était trop chic pour les bars, qu'il serait préférable de s'en tenir à l'hôtel. Saabree logeait dans la même chambre que ses parents. Aiina avait la propre sienne, à proximité de celles où ses parents dormaient déjà. Il fut relativement aisé pour Saabree d'obtenir de ses parents l'autorisation de passer la nuit avec Aiina, à condition qu'à huit heures le lendemain, elle serait prête pour leur retour à Innsbruck.

Les inhibitions furent laissées sur le marbre du hall. Dès que nous furent seuls dans la luxueuse chambre d'Aiina, elle fouilla dans ses effectifs et ressorti un sachet de cocaïne et grâce à un billet de cent euros, nous nous envoyâmes dans le nez de quoi s'amuser pour le reste de la nuit. Saabree me demanda de défaire le ruban autour de sa taille, ce que je fis avec lenteur et avant qu'Aiina ne ressorte de la salle de bain, nous étions en train de nous embrasser avec passion, ma main remontait lentement le long de sa cuisse, mes doigts serraient fort sa chair de jeune nymphe. Aiina hésita à peine, nous rejoignit sur le lit, posa ses mains sur mes épaules et écrasa ses lèvres dans mon cou, par derrière. Elle ôta mon veston alors que les mains de Saabree pénétraient les interstices de ma chemise, la déboutonnait avec l'empressement du feu. J'entendais Aiina me chuchoter à l'oreille des mots en allemands; ne pas les comprendre m'excitait à en perdre la tête. Je les pris toutes deux par la taille, les couchai devant moi sur le lit royal. Elles se regardèrent et s'embrassèrent, comme le font les jeunes filles, avec fougue. Je mis mes mains sur la cuisse droite de Saabree et sur la cuisse gauche d'Aiina, sous leur robe. Je remontai lentement jusqu'à ce que je sente la chaleur et l'humidité dégagée de leurs sexes moites. Je ne pus résister de toucher à travers leur culotte la petite fente que je convoitais de plus en plus; j'agitai doucement mes doigts autour de l'apex de leur sillon de chair délicate. Elles gémissaient, s'embrassaient, se tortillaient.

Après presque deux heures de doigts, de langues et de sexe, elles s'endormirent sur mon torse, et je dûs me dégager avec minutie pour ne pas les réveiller. Je remis mes chaussures et boutonna paresseusement ma chemise en les observant dormir comme des duchesses. Je laissai un mot, en anglais: "You are both adorable. Here is my email address, in case you girls come to visit America. Love, Angélus."

Le lendemain, je rencontrais les clients de l'entreprise à huit heures au Café Imperial, dans l'hôtel même, pour le petit déjeûner. Je fis une excellente impression. Le mois suivant, le président m'annonçait un important investissement de la part de ces messieurs et un congé de trois semaines en guise de remerciement, à quoi se greffait un coquet boni en argent.

5 commentaires:

  1. Délicieux, le sexe c'est toujours super avec un peu de sucre en poudre ;)

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  2. Quasi superflu dans un cas comme celui-là, toutefois.

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  3. Ça me donne envie de voyager... :)

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  4. J'aime bien ce billet et les quelques autres que j'ai lus au hasard dans ton belogue. Ça sent le cul à plein nez, icitte, pis j'aime ça. Ton écriture frappe dans le mille, à petites touches, sans fla fla et sans démonstrations superflues. Je reviendrai, pas de doute. Dans mon blogroll, les sangsues, séance tenante.

    Je suis nouveau dans ce qu'il est convenu d'appeler "la blogosphère", je viens d'ouvrir LE PORNOGRAPHOMANE, un belogue dédié au stupre et à fornication. Je t'invite. À voir la teneur et la tonalité de tes billets, tu risques de pas détester. Pas besoin d'enlever tes souliers. C'est sale partout, ça sent la sueur et le sexe d'hier, les petites culotte de Joannie pis son parfum fané. Y'a de la bière dans le frigidaire, fais comme chez vous. À plus. Ainsi soit-il.

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  5. Cannelle: Les musées sont aussi très intéressants, tu sais. :P

    Le pornographomane: Salut et bienvenue. Heureux de savoir que les fragrances chez nous te conviennent. ;) Bienvenue également dans la blogosphère, je t'invite à la découvrir, c'est tout plein de petits bijoux. J'irai faire un tour chez vous, sniffer Joannie et goûter ta bière.

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