mercredi 29 septembre 2010

L'amour est ma neige

l'automne rougit
du câlin des canicules
au calcul du calendrier
l'homme rugit des prières

à la surface des lacs, des visages inquiets
des intempéries de phalanges orphelines
faire des anges de la farine
des pâtisseries pour le banquet

l'amour est ma neige

dimanche 12 septembre 2010

Libérer le trésor

Mon père voulait nous emmener voir un terrain, près d’une route principale, face à la rivière, situé un peu en hauteur. Pour y accéder, il fallait emprunter un petit chemin de gravier qui grimpait le petit escarpement dans une demie ellipse imparfaite prenant racine au bord de la route, longeant l’épaulement du terrain jusqu’en son sommet.

Quand je le visitai pour la première fois, l’espace était à l’abandon. Une maison centenaire tenait encore, par je ne sais trop quel miracle, à côté d’une vieille grange de bois ratatiné. L’herbe était haute, et nous devions tasser les fleurs de bardane pour faire notre chemin. Une dizaine de carcasses de vieilles voitures rouillaient en silence, entre les herbes. Nous entrâmes dans la maison par le trou laissé par un mur qui s’était effondré. Un escalier incomplet menait au deuxième étage, dont le plancher évoquait un casse-tête inachevé. Des haillons poussiéreux pendaient encore dans la garde-robe.

Les ruines baignaient dans une atmosphère sordide de misère, sinon de malédiction, amplifiée par l’odeur de pisse qui envahissait l’air. Comme j’étais enfant, la maison me laissa une forte impression; un mélange de stupéfaction, de peur, et de curiosité que je savais impossible à combler. Qui avait pu vivre ici? Pourquoi avoir abandonné la maison? On me raconta, des années plus tard, qu’un réseau de trafiquants de pièces de voitures volées avait jadis fait ses affaires sur ce terrain. Surement l’avait-on démantelé, et les bandits avaient été emprisonnés…

Mon père avait manifesté l’intention d’acheter l’endroit, et je me demandais ce qui pouvait autant le motiver, hormis la vue sur la rivière. Je craignais que cela ne se réalise mais ne dévoilai rien de mes objections.

Tout près de la maison, se tenait une grange qui avait à peine mieux survécu au passage des ans. Mon père m’y conduit, curieux, tout comme moi, de voir ce qui s’y trouvait. En y entrant, mes craintes se dissipèrent soudainement en traversant le nuage de poussière que souleva l’immense porte en s’ouvrant. J’eus l’impression de faire un saut dans le temps.

Il y avait un vieux pneu de tracteur craquelé, des bouteilles de bière vides, une chaine, et une multitude d’autres objets sans intérêt. Mais tout près du mur, au fond, mon père trouva un petit trésor. « Viens voir, vieux loup. » Sur le plancher, on avait abandonné là une caisse remplie de vieux trente-trois tours. « Papa, on dirait de la musique de cowboy. » Il s’agissait d’une collection de chanteurs country, probablement tous tombés dans l’oubli. Mon père pris une pochette, en sortit le disque, prit son élan et fit voler le disque comme un frisbee. Il éclata en comme un feu d’artifice sur le mur de bois. Sur le coup, je fus étonné, presque insulté pour les cowboys, mais ce sentiment fit place à l’amusement lorsqu’il me remit l’un des disques et m’invita à faire de même. Je l’envoyai voler dans les airs de toutes mes forces, et j’éprouvai une vive fierté à voir les morceaux s’éparpiller sur le plancher de ciment. Si, au départ, c’était le plaisir bête de détruire pour détruire qui me fit cet effet, au fur et à mesure que nous faisions éclater ces vinyles en ricanant, j’eus ensuite l’impression de libérer ces cowboys, cette musique emprisonnée dans le plastique, de mettre un terme à ces années poussiéreuses d’immobilisme et d’oubli. Enfin, après des décennies, quelqu’un était venu et avait conjuré leur sort. J’étais soudainement devenu un héros qui par sa puissance, faisait voler la musique prisonnière et la redonnait à l’éther. J’imaginais les sons qui, libérés de leur support, pouvaient maintenant résonner de nouveau; les cowboys qui pouvaient désormais reprendre la selle et disparaître à l’horizon, entre les cactus.

Nous fîmes éclater tous les disques et l’émotion s’estompa. Puis, je ressentis une certaine mélancolie à voir les fragments disséminés dans la vieille grange. « Allons-y, fiston ».

Un après-midi, alors que j’étais à l’école, ma mère dispersa de l’essence dans les ruines de la vieille maison et de la grange et y lança des allumettes. Les bâtiments s’effondrèrent dans un brasier immense attirant les pompiers de la ville, qui ne manquèrent pas de gronder ma mère, sous le regard amusé de mon père. Elle s’en tira sans accusation de pyromanie, ce qui me surprend encore à ce jour. Mes parents firent bâtir, sur le terrain, une maison canadienne blanche, à la toiture verte. Ils couvrirent le terrain de pelouse. Ils plantèrent des rosiers, un bouleau, quelques sapins. Ils aménagèrent ma chambre à l’étage, à mon grand bonheur, car j’eus accès à l’un des pignons, d’où je pouvais braquer mon télescope vers les étoiles. Je passai une bonne partie de mon enfance et de mon adolescence au sommet de cet escarpement qui donnait sur la rivière, dans cette maison bâtie par-dessus ces souvenirs.

À quelques mètres du bord du garage, là où il n’y avait pas de gazon, mais encore de l’herbe haute et de la bardane, se trouvaient encore les fondations de la vieille grange. Le plancher de ciment subsistait toujours, transpercé par la végétation. J’allais y jouer régulièrement, courant après les couleuvres, abattant les plantes d’un bout de bois, comme pour préserver quelques années de plus ce qui restait de la grange. Tous les printemps, quand la neige fondait, je me faisais un réel plaisir à redécouvrir ces ruines. Mais chaque fois, je me souvenais les cowboys et leur musique, je revoyais éclater le vinyle, et je revivais un peu l’émotion particulière que j’avais ressentie la première fois que j’avais mis le pied sur ce terrain.

dimanche 25 juillet 2010

Le soupire étouffé

Un soleil bien jaune, d’été, comme de la moutarde dans la piscine du ciel. Une publicité de Corona pour ne pas cramer dessous. Des yachts de millionnaires, leurs buttes de coke, leurs princesses en strings rose bonbon. L’odeur de coco contrefait de la crème solaire, de gaz propane, de fleurs qui baisent avec les abeilles. Les jeunes mettent un kayak à la rivière, les vieux travaillent leur putt. Des nouveaux mariés, leur famille en pâmoison, les ados écœurés, les photos, les curieux. Des chevaux qui plient le cou comme des cygnes, twistés aux vise-grips de la domestication impérialiste – insurgeons-nous, frères citoyens, appelons la PETA, la SPCA, ou le KKK! Leurs pommes de route qui décorent le chemin où une madame à chapeau violet trimbale tant bien que mal ce gros derrière gélatineux qui contribue à la richesse de nos putes.

Deux amoureux qui s’embrassent sur un pont, à l’ombre d’un érable gros comme leur espoir. Ils ont quinze ans, ils sont amoureux. Elle le regarde avec dans les yeux le diamant qu’elle décèle en lui. Le sentiment qu’il y a quelque chose comme le vrai et que cela est maintenant, donc toujours; un toujours qui abandonne tous les possibles, qui n’a au cœur que le maintenant d’amour, le sublime moment.

La fraîcheur du vent ranime le goût de l’océan, le cœur du parapentiste; l’âme est une voile. Des chapelles autrefois sacrées, maintenant musées. Le dieu chassé, accusé, à tord ou à raison, du vide de soi, du besoin de l’autre, de l’autre fait martyr, du soi comme raison d’être.

Le soupire étouffé.

La terre estompée sur les pantalons du jardinier. Le silence-qui-n’en-est-pas-un de la forêt : les fougères, les étangs, les branches, la mousse, les pieds qui écrasent la rocaille du sentier. S’imaginer vivre dedans tout nu tout le temps tout en harmonie avec le tout. Enkidu je t’offre mon corps. Avoir du poil. Bouffer les baies cuites, les lièvres crus. Adieu béton. Adieu pitons. Renier même le feu.

La motocyclette et son dinosauresque grognement. Un prédateur des jungles urbaines. Son conducteur a des couilles de ciment. Sa gonzesse, bien roulée, est tout en graffitis. Ils rejoignent des amis. Ils rigolent entre deux gorgées de bière. Ils sont dotés d’une sagesse que craignent les professeurs d’écoles et les hygiénistes dentaires. Ils sont capables de dire fuck you à n’importe qui.

La solitude de l’ours polaire. Contempler sa vie comme si c’était les étoiles. Là-bas, quelque part… il y a ceci, cela, il y a au moins quelque chose. Sortir sa griffe, la planter dans le ciel et déchirer la Voie Lactée d’une épopée nouvelle. Trancher.

La salive d’un chien. Salut toi. Héééé! Hooo. Gros toutou, hein, oué, oué. Il aime les mains humaines. Elles sont toutes siennes. Ah! si j’avais toutes les mains du monde…

Mourir amoureux

avant son corps était un corps avec une langue une mémoire
aujourd’hui plâtre et papier
pâte craquelée
fissure de femme, parole d’enfant, souvenir d’oiseau

la face du passé rappelle-toi c’est un dos

demain tu dis je serai chair
d'aimer
des os de coeur

statuette vivante aux reflets miroirs
savante muette enchaînée de par soie
ton corps est une âme avec un temps
la terre est ta caresse la plus fidèle
la poigne, le mystère
tout ce qui reste d'immortel

dimanche 6 juin 2010

Écoeuré

Écoeuré d'Angélus.
Tanné.
Fini.
.

vendredi 19 février 2010

La sexualité des zombies

On aborde rarement le sujet, sinon jamais, d’une part parce que c’est franchement répugnant et d’une autre parce que ça n’a absolument aucun intérêt, mais il nous convient aujourd’hui d’ausculter la sexualité des zombies. Les morts-vivants, ces ressuscités qui animent miraculeusement des amas de bidoche suppurantes de jus obscurs, n’ont-ils pas eux aussi droit de jouir des plaisirs de la chair, aussi pourrie puisse-t-elle être? Le coït n’est-il pas l’apanage chéri des incarnés?

Mentionnons d’emblée, afin de taire les inquiétudes normales qui pourraient obséder n’importe quel non-mort, que nul zombie ne peut procréer. La tuyauterie interne est bloquée par des agglutinats de pus et de moisissure. Ce qui autrefois était un ovaire n’est maintenant qu’un œuf pourri. Ceux qui nageaient autrefois comme de petites grenouilles blanches ne sont désormais que de futiles sédiments gluants. Les zombies, donc, ne forniquent que pour l’exultation du corps… et de l’esprit, s’il en est.

Le sexe du mâle est souvent fort ratatiné et meurtri, selon qu’il ait été grugé par les rats et les vers. La peau généralement partiellement décomposée pendouille, fragile. Souvent, des lambeaux se détacheraient et iraient se loger dans le sexe de leur partenaire, ce qui procurerait un plaisir décuplé, mais risquerait en revanche d’entraîner des infections ou des maladies graves. Ainsi, c’est pourquoi les autorités sanitaires recommandent aux morts-vivants d’utiliser le zondom, un équivalent du condom conçu par la compagnie DeathStyles.

Quant aux femelles, ce que de leur vivant pouvait être appelé Mont de Vénus, de Temple des Temples, porte maintenant les disgracieux sobriquets de Fosse aux Eucaryotes, Potage aux Champignons ou encore Yaourt. Bien que cela puisse provoquer de violentes réactions de répulsion chez les vivants, il semblerait que les organismes vivant dans le sexe des mortes-vivantes possèdent de puissantes propriétés aphrodisiaques et provoquent de légers effets hallucinogènes. Pour cette raison, un rapport sexuel entre zombies débute très souvent par des jeux oraux. Le mâle suçote la chair putréfiée, souvent jusqu’à causer des petits déchirements, heureusement bénignes pour la compagne. Ils partageront alors, souvent en s’embrassant, le lambeau arraché, plongeant les valentins dans un état second extrêmement propice au plaisir sexuel. Ceci étant dit, il est important de spécifier que les substances vaginales isolées sont interdites dans plusieurs pays, y compris au Canada, où champignonne un important commerce clandestin.

Lorsqu’il y a pénétration, le zombie mâle doit faire preuve d’une extrême prudence. En exerçant des mouvements trop brusques, il risque d’importantes lésions à la peau fragile de son propre sexe. On rapporte des cas où il y aurait eu perte du gland, fente de l’urètre et d’autres ou la peau du pénis se serait pelée lors du mouvement de va-et-vient. Le choc du bassin doit évidemment ne pas être trop vigoureux afin d’éviter des fractures. Les relations anales ne sont pas conseillées. Malgré le relâchement permanent des muscles rectaux chez les zombies, la fragilité des organes internes expose les sodomites à de trop grands risques. Effectivement, plusieurs morts-vivants ont définitivement passé l’arme à gauche après s’être entièrement vidé les intérieurs par la porte arrière suite à des poussées trop énergiques.

La sexualité des zombies se déroule tout en douceur. Ils font preuve d’une sensualité que jalousent souvent les non-mortes. Dans le rare cas de Jean-Lazare Lebeaume, un ressuscité n’ayant pas été atteint de l’amnésie qui afflige 99,7% de son genre, l'intéressé parlait de sa nouvelle sexualité en ces termes : « c’est comme, warputbromble, brâââ, zwââ, rot, passer d’un lit de béton à, vraaaaap mwââ, un bain de Jell-O ». On retrouve toutefois de plus en plus de pornographie zombie, appelé zporn (prononcé zi-porn) ou pornzo, dans laquelle des femelles se font sauvagement labourer par des groupes de mâles, choquant la population non-morte qui fait de plus en plus pression sur leurs élus dans le but d’étendre la définition d’ « homme » afin d’inclure les revenants dans la Déclaration des droits de l’homme.

Ces dernières années, on remarque de plus en plus d’activités sexuelles entre vivants et zombies. De fait, nombre de nécrophiles se sont dévoilés au grand jour, revendiquant leur droit d’aimer les trépassés. Lecteurs d’obituaires et fanas du sépulcre manifestent sans relâche devant les parlements dans le but de légaliser leurs bas instincts.

Or, s’il est établi que deux zombies ne peuvent procréer ensemble, rien n’est moins sûr en ce qui concerne l’homme et le revenant. En effet, pas moins de quatre-cent soixante naissances ont été recensées l’an dernier, de mères zombies et de pères vivants et six cent treize mères vivantes auraient donné naissance à des enfants de paternité zombie. Les américains nomment le fruit de ces saillies humbies. Les malgracieux rejetons sont accablés par une toison généreuse qui recouvre le corps entier et dégage d’intolérables odeurs d’ammoniaque. Des communautés s’organisent afin de s’opposer aux naissances de ces hideuses coquecigrues et d’imposer l’avortement aux mères qui les portent. Le débat reste ouvert…

Beaucoup reste à étudier dans ce délicat et controversé sujet et malgré les obstacles, les recherches battent leur plein. Que pouvons-nous apprendre de nos frères revenus du royaume des morts, pestilentiels, miasmatiques, mais sensuels et lascifs? Seul l’avenir nous le dira.

Et vous, messieurs, n’êtes-vous pas tentés par la volupté des champignonnières de ces dames en lambeaux? Mesdames, ne rêvez-vous pas d’une chair en désagrégation vous ramonant les intérieurs?

jeudi 11 février 2010

Petite croisade contre la déraison

Comment ne pas s’insurger devant le faux, devant le mensonge? Quand ces messieurs affirment haut et fort qu’il en est ainsi alors qu’il ne pourrait en être plus autrement; quand ces dames prétendent que de telle chose il faut penser ceci, même lorsque confrontées aux syllogismes les plus manifestes infirmant leur doctrine; comment ne pas avoir envie de mettre le feu aux nappes? Ne faudrait-il pas révérer davantage la girafe que l’homme qui refuse les probes fondations de la logique, l’asticot à la femme qui entre la vérité et l’orgueil choisira le second?

Lorsque buté au mur de l’idiotie, il semble approprié de se ramener à l’esprit qu’il faut moins d’une heure aux éléphanteaux pour apprendre à marcher et de s’indigner du sort de nos enfants qui y mettent généralement une année. Pas de quoi célébrer un Te Deum. Il faut être patient avec ces humains – ça vaut le coup, si on s’en remet aux dires des enthousiastes de la race. Pour ma part, j’ai abandonné, et si j’arrive à vouer aux humains ce qu’on pourrait appeler de l’amour, au contraire des pitoyables misanthropes, je valse avec mon propre genre d’un pas sur le pied de la pitié et de l’autre sur celui de la compassion.

Mais confronté à la sottise, à l’absence de discernement, au néant de la bêtise, je ne danse plus. Un nuage électrique éclipse toute ma bonne foi. Je ne contiens qu’avec grande peine les débordements que provoque l’orage de mon ire. C’est le paroxysme de l’exaspération.

Ces nigauds fondent leurs doctrines sur de chétifs axiomes, les faisant parader comme des hordes chevauchant des ânes, prêts à sonner la charge devant les murs insurmontables de la perle du Bosphore. Lorsqu’ils se retrouvent inexorablement défaits, plutôt que de céder humblement à l’inférence et de s’allier à la prépotence de la raison, ils préfèrent s’enorgueillir des chiquenaudes bassement sophistiques qu’ils auront servies à d’infrangibles fortifications, repartant bredouilles, humiliés sans le savoir, se détestant sans doute un peu plus, tout au fond du cœur qui, lui, reconnaît toujours l’échec.

Je voudrais alors déchirer comme de vieux brouillons les cerveaux puérils de ces ennemis de la raison, leur sculpter avec la hache de Ganesh une nouvelle âme dans un roc d’épistémè, les saouler au kykeon, les acculer à l’épopteia. Je figerais dans la glace le thymos, ce véhicule des ferveurs aveuglantes et des passions étroites, pour ne le faire dégeler qu’à la vacillante lumière des chandelles de la sapience. Plus jamais l’impétuosité de ces esprits ne céderait aux verbiages de la déraison, non, ils sauraient se tenir. Ils réfuteraient l’artifice, useraient d’apagogies sublimes et démontreraient des théorèmes implacables. Ils sauraient éviter le marécage où chasse le crocodile du mensonge, contourner le désert où rampe le serpent de la tromperie, traverser les cieux où volent des dragons cracheurs de feux d’artifices. Ils tasseraient alors les vers blancs de la prudhommerie médiatique, retireraient la malandre de l’amphigouri des politiciens, et peut-être escamoteraient-ils même la ravageuse et virale passion du lucre?

Il en est de la pensée comme de la menuiserie. Bien qu’avec la bonne intuition il soit possible de réaliser des œuvres tout à fait convaincantes, n’est-il pas préférable de connaître un minimum de méthode et technique afin d’élargir le champ des possibles? Le discernement est une antiquité que l’on a collectivement abandonnée, au profit d’un confortable cocon d’ignorance. En ces années où l’homme n’est qu’une variable dans des calculs macroéconomiques, penser fait mal. Si mal qu’on croirait porter une vilaine couronne d’épines. On préfère la cécité au sang coulant dans des yeux ouverts.