vendredi 13 novembre 2009

Angélus le salaud

Angélus, t’es un salaud, t’es un faux. Ta magnanimité, ton altruisme, ta galanterie, tout ça, c’est du chiqué. Derrière le feutre de tes paroles, sous la nappe de tes actes, il n’y a qu’un sale con, un enfoiré qui charme les filles, leur fait miroiter de jolies choses, de beaux futurs dans la ouate, des oreillers pour toi et pour elles, à partager dans des sueurs impures. Elles s’imaginent porter tes sous-vêtements, te convertir au thé, voyager avec toi de la Mongolie jusqu’au Pérou, que vous irez au zoo, cueillir des bleuets et faire des tartes, que vous ferez des châteaux de sables sur les plus longues et les plus blanches plages du Sud. Tu es un illusionniste : tu projettes des mirages éblouissants provoqués par la sécheresse d’amour de ton désert inné. Tu es un funambule, vacillant sur une corde étirée entre deux abîmes, celui à gauche creusé par ta crainte de te semer le cœur et ne récolter que du fantôme; celui à droite foré par la certitude de devoir, pour aimer, abandonner ton toi, que tu chéris comme si tu l’avais enfanté toi-même. Tu ne veux pas aimer jusqu’au sacrifice. Ton amour meurt lorsqu’on attend de toi. Tu mourras seul. Riche peut-être, mais… seul.

Des reproches comme j’en reçois toujours, tous basés sur je croyais que tu m’aimais!, tous tordus, abstrus, écrits les doigts humides de larmes ou criés dans des tempêtes de cheveux et de doigts dans les airs, auxquels j’ai toujours envie de répondre simplement ta gueule tu me les casses, mais je préfère les perdre avec des questions casse-cous, des c’est quoi l’amour, vraiment?, ou des vraiment, l’amour pour toi c’est le sacrifice? Il est moins facile qu’on pourrait le croire d’éviter les chrétiennes. Elles ont Jésus dans le sang, malgré elles, bien souvent. Je hais les leçons sur l’amour. Encore pire lorsqu’elle vient d’une femme qui « m’aime », ou « m’aimait » ̶  celles-là sont les pires. Je les assommerais d’un grand coup de bible sur le nez (et il faudrait que ça saigne sinon PAF!, un deuxième coup).  Il n’y a pas un humain sur Terre dont les leçons sur l’amour seraient susceptibles d’influencer comment je vis ça, moi, la fucking amour. Ni les Sri ni les Baba, ni Patricia Kaas, ni ma grand-mère. Personne. L’amour, si vous voulez mon avis, se passe du langage, il brille dans le silence. Et quiconque s’efforce d’en discourir pompeusement devrait plutôt aller se sniffer une ligne de coke.  L’amour éternel, l’amour universel, l’Amour, le manque d’amour, l’amour libre, l’amour maternel, l’amour de la poutine. Ça me donne la nausée. Sans cœur! qu’elles m’ont dit, je croyais que tu m’aimais? Je t’aimais, oui, maintenant je t’aime moins alors que tu tentes de me culpabiliser, t’aimerai un peu plus après la gifle, mais beaucoup moins après ton quatrième appel téléphonique de la semaine.

Des claques au visage, aussi. Ah oui! Le champ de vision qui s’embrouille soudainement, ce petit picotement qui point vivement sur la joue, et ce petit sourire impromptu et inévitable que je dissimule obligatoirement. Les plus comiques m’ont été données juste du bout des doigts, des giflettes, des tapepettes, rapides, presque timides, aussitôt données, aussitôt regrettées. Mais d’autres, moins drôles, m’ont été flanquées de pleines mains, livrées avec vigueur et déchainement, des claques bien préméditées,  des mornifles avec du biceps, qui viennent avec des mots doux – salaud, enfoiré, fils de pute, enculé, calice de chien sale. Je les adore quand elles frappent. Je sens alors qu’elles ont fini de niaiser, qu’elles lâchent prise. Elles oublient les psychanalyses et les grandes leçons du cœur lues de l’adolescence jusqu’à aujourd’hui dans nombre de revues périodiques pourries. Elles frappent puis s’en vont. Un point à la fin d’une phrase.

Si je suis, c’est vrai, un peu enjôleur, on ne pourrait m’accoler l’épithète de menteur. Je n’ai jamais dit à une femme : nous serons toujours ensemble, je serai toujours là, je t’aimerai toujours. Je disais plutôt des trucs du genre cette soirée est magique, je m’en souviendrai toujours et, pendant lesdits soirs, cela semblait suffisant. Quand je me trouvais le visage entre les cuisses de madame, qu’elle me tirait les cheveux comme pour me désaccoucher, elle le savait : demain, je ne serai pas là, demain matin je rentre chez moi, demain matin, après le déjeuner, je vous reconduis. Si vous tombez amoureuses, que puis-je y faire sinon vous dire que moi, je ne suis pas tombé, que je suis sur mes deux pieds? Pourquoi alors me traiter de salaud et de faux? Ce n’est pas moi qui soit faux, c’est votre mirage, le votre, votre, votre. Me reprocheriez-vous de ne pas vous empêcher de le créer?

10 commentaires:

  1. Très juste. L'amour: une vue de l'esprit. Que dire de plus?

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  2. Quel texte!!

    C'est vrai que certaines femmes ont l'attente facile...

    ;-)

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  3. Ça me donne le goût de te donner une bonne claque...

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  4. Bah, il y a des filles qui ont besoin de tomber amoureuses de salauds, question de pouvoir se porter en victimes par la suite. Si tu n'es pas assez forte pour aimer sans attente ni espérance, tu ne mérites pas d'aimer, parce que aimer, ce n'est pas attendre de l'autre, il faut aimer pour soi, pour son bonheur, pour se rendre heureuse. Se faire aimer, c'est simplement un joyeux petit ajout...

    la chèvre

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  5. Oh. Ça me fait penser aux Liaisons dangereuses de Laclos. De la trempe de Valmont, peut-être ? Mais je caricature car ce commentaire parle plus sûrement de mon dernier visionnement du film avec Glenn Close que de "votre" conduite.

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  6. "Et quiconque s’efforce d’en discourir pompeusement devrait plutôt aller se sniffer une ligne de coke"
    :)
    encore une belle colère !
    Ari

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  7. Je les savoure, je les déguste. Je m'en délecte, je m'en empiffre. Mais la gourmande insatiable que je suis n'est jamais rassasiée de vos mots, Angélus ...

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  8. Tattoo: On peut dire "amen", mais ca serait superflu.

    Groopie et M.B: Heh. On s'y fait. :) Merci d'être passé.

    Alexandra: Une petite claque molle ou une vraie de vraie?

    la chèvre: Aimer pour soi. Hm. Aimer égoistement. Fascinant concept.

    Geneviève: J'ai toujours voulu avoir Choderlos comme deuxième prénom. Quant à "ma" conduite, elle va très bien, merci. J'ai tous mes points, encore, sur mon permis. Oueh he he.

    Ari: Colère? Non. Mais je suis capable de merveilleuses.

    SexySoda: Dire qu'on en est même pas au premier service, encore! J'ai dans ma marmite des bouillons incomparables...


    a+, bleus et rouges, jaunes et verts, a+ les picotés aussi.

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  9. Oh Angélus ! Vous me donnez de quoi rêver de festins gargantuesques ...

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  10. J'suis pas du genre à faire les choses à moitié...!

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